La chronique tourisme sur France Inter, c’est terminé !

Notre confrère Philippe Lefebvre nous écrit ce billet à l’heure de l’arrêt de ses reportages sur la radio publique. Un message où transparait nostalgie, émotion et humilité pour ce travail accompli avec passion.

Parler tourisme à la radio. C’est un formidable défi.

Comment par la simple magie des mots et des sons sans photos et sans vidéos donner envie aux auditeurs, l’envie de voyager, de découvrir et aussi plus simplement de rêver ?

Ce défi, j’ai essayé bien modestement de le relever. J’ai essayé de faire voyager nos auditeurs avec pour seul instrument ce petit magnétophone suisse au fond de mon sac.

Ce Nagra, il pourrait en raconter des histoires. Il pourrait vous parler de la chaleur étouffante aux abords de Tchernobyl avec les premiers touristes découvrant le site, il pourrait vous parler de ce petit matin brumeux en Suisse, cadre d’une passionnante rencontre avec un jeune fromager d’alpage. Il pourrait aussi vous parler de ces adorables vieilles dames d’un village de l’Allier, rencontrées dans un temple bouddhiste autour d’une tasse de thé au jasmin. Il pourrait, enfin, vous raconter ce périple sur la Seine entre Poissy et Mantes la Jolie, où une association développe le tourisme dans les HLM,  ou encore les larmes d’une guide Albanaise retournant sur les lieux où son grand père a été torturé puis assassiné…

Pour aboutir à ces 4 petites, mais Ô combien précieuses, minutes d’antenne,  j’y ai passé du temps. Celui que l’on prend pour les rencontres, pour obtenir des dizaines et des dizaines de minutes d’interview. Du temps aussi dans l’extrême solitude de son bureau ou de sa chambre d’hôtel pour écouter, monter, mixer les sons. Epreuve toujours difficile et délicate car on voudrait tout garder. Je profite de ces quelques mots pour m’excuser auprès de celles et ceux qui ont légitimement pensé que « c’était trop court ». Ainsi va la radio.

Mais l’exercice a toujours été joyeux même lorsqu’à la fin du premier confinement j’ai réalisé un véritable tour de France du tourisme post Covid avec des professionnels du tourisme qui n’avaient pas forcément le cœur à rire. La encore, un défi : un reportage par jour, une histoire différente chaque jour et des milliers de kilomètres pour donner la parole à ceux qui ne l’avaient plus. Encore merci à Catherine Nayle ma directrice de l’époque pour avoir cru au tourisme sur l’antenne.

Je dois l’avouer. Même s’il y a eu des moments de questionnement, de découragement, de colère aussi, ces 7 saisons à la tête de la chronique tourisme ont été 7 saisons de bonheur où j’ai tendu mon micro à des centaines de gens qui n’étaient pas forcément des professionnels de la com’. Bonheur aussi lorsqu’entre la diffusion en direct puis les podcasts cette chronique à flirté avec le million d’auditeurs. Bonheur enfin quand durant deux étés mes chroniques  ont joué à saute-mouton sur les ondes de la RTBF, de la Radio Suisse Romande et de Radio Canada.

Enfin comment parler de ces 7 saisons sans avoir une pensée pour vous tous consœurs et confrères croisés sur les chemins, dans les rues, les gares, les aéroports ou sur les pistes de stations de sports d’hiver. Nous avons vécu des moments de franche rigolade, parfois un peu arrosée… Parfois il y a eu aussi des engueulades… la vie quoi…

Une pensée pour tous les professionnels du tourisme et de la com’ qui m’ont proposé des centaines de sujets.

Mais voila, les meilleures choses on une fin et comme j’ai coutume de le dire : aucun journaliste n’est propriétaire ni de l’antenne ni de sa tranche horaire. Le tourisme dans la matinale du week-end est désormais rayé d’un trait de plume dans l’indifférence générale, sans doute parce que contrairement à d’autres je ne vais pas interpréter le grand air de la victimisation.

Alors il parait que s’il a été décidé d’arrêter cette chronique, c’est pour m’entendre plus à l’antenne pour parler de tourisme dans les journaux. Comme on le dit : les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Mais je demeure persuadé que très vite nous allons nous retrouver sur les routes car rien ne peut arrêter le rêve et faire rêver cela reste le plus beau des métiers.

Philippe Lefebvre

France Inter

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