La Meuse fut opulente à la Renaissance, du temps des ducs de Lorraine et de Bar. Dans les environs de Verdun, deux petites villes évoquent ce passé.
Saint Mihiel – une déformation du mot Saint Michel –, recèle des hôtels Renaissance dans son centre historique, mais surtout une bibliothèque bénédictine riche de quelque 9000 volumes, abritée dans l’abbaye Saint-Michel. C’est à Saint-Michel aussi que se trouve cette rare Pâmoison de la Vierge, Saint-Jean soutenant la Vierge évanouie à la vue de son fils mort. Une œuvre poignante due aux ciseaux de Ligier Richier. Ce sculpteur, né à Saint-Mihiel et qui fut peut-être l’élève de Michel-Ange, réalisa tout son travail en Meuse et son pays lui rend hommage avec la création d’une « route Ligier Richier ». C’est aussi à Saint-Mihiel qu’est exposée, à l’église Saint-Etienne cette fois, son oeuvre la plus célèbre, quoique inachevée, la Mise au tombeau du Christ, prodige de vie et de grâce.
A une soixantaine de kilomètres, Bar-le-Duc, ancienne capitale du duché, a conservé le Neuf Castel datant du XVIème siècle et abritant aujourd’hui le Musée Barrois (ci-dessous). Dans la ville haute, autour de l’église Saint-Etienne, se dressent des hôtels Renaissance bien restaurés, dont l’élégant Palais de Justice. L’église, outre des orgues pris dans les piliers, renferme deux autres œuvres de Ligier Richier. Dans le chœur, le Christ en croix est entouré des deux larrons dont les corps semblent encore se tordre dans leurs liens. Une chapelle latérale abrite l’étrange Décharné, Ecorché ou Transi. Ce squelette debout – l’anatomie n’est pas observée, il a trop de côtes ! – lève ses yeux vides vers son bras gauche qui brandit haut le coeur de René de Chalon, prince d’Orange. Une représentation modernisée des danses macabres d’antan !
Texte : Isaure de Saint-Pierre
Photos : Patrick Fiori et Brice Charton