Usant de différentes techniques créatives (photos, dessins, collages), le photographe nous entraîne dans un voyage entre éphémère et souvenir. Une expo photo à voir à Varengeville-sur-Mer (Seine-Maritime) jusqu’au 15 septembre.
Avec un titre pareil, « Vanités célestes », nous n’avons qu’une envie : foncer en Normandie et voir l’exposition d’Antoine Rozès, photographe et membre de l’AJT. Direction, donc, Varengeville-sur-Mer, une petite commune de la Côte d’Albâtre, à quelques kilomètres de Dieppe.
Le petit bourg est connu pour son Parc du Bois des Moutiers (l’un des trois jardins les plus visités de France), le jardin Shamrock (qui possède la plus grande collection d’hortensias au monde) ou son cimetière marin, perché au dessus de la Manche et où repose le peintre Georges Braque (il a vécu les 30 dernières années de sa vie à Varengeville).
On ne compte plus le nombre d’artistes qui ont été séduit par l’endroit : écrivains comme André Breton ou Jacques Prévert, musiciens comme Maurice Ravel ou Erik Satie et bien sûr des peintres : Turner, Corot, Renoir, Monet, etc.
Les empreintes des morts dans l’esprit des vivants
Les œuvres photographiques d’Antoine, elles, ont trouvé refuge avec bonheur dans la charmante Galerie Édouard M de Varengeville (*). Sur les murs aux revêtements disparates de ce qui fût une ancienne chapelle oratoire, les vanités et les frivolités de l’artiste racontent en fait la même chose : la singularité.
La vanité n’est pas à voir sous son côté moralisateur mais comme la trace aux formes multiples que laisse un mort dans l’esprit des vivants : parfois gaie ou rude, souvent violente ou comique. Si le corps disparaît avec la mort, le souvenir d’une personne « envolée » n’est jamais le même chez les survivants.
Antoine le sait bien et nous l’explique avec ses étonnantes photos sur lesquelles il n’a pas hésité à griffonner ou dessiner. Quant au coté céleste, rien de moral non plus et il faut plutôt y voir l’éloge de la fantaisie. Exit le bien et le mal, le sérieux et le vice, finis l’uniformité ou l’asservissement : vive la liberté !
Et comme nous sommes de bons vivants et pour longtemps encore espérons-le, il faut au sortir de l’exposition faire une halte au joli restaurant « La Maison de Jules » qui jouxte la galerie. On y mange bien, l’accueil est sympathique et le décor raffiné. La vie est belle.
François Rousselle
(*) Galerie Édouard M
Place des Canadiens, 76119 Varengeville-sur-Mer. 06 87 00 50 36. facebook.com/galerie.edouardm Expo jusqu’au 15 septembre 2024.
Antoine Rozès est né à Perpignan et travaille à Paris depuis 1967. Après des études de philosophie et un parcours aux Beaux-Arts, il a été assistant pour des grands studios de photo. Parti aux Etats-Unis étudier au San Francisco Art Institute, il rentre en France où il a été un des lauréats du 1er prix de la Critique. Il a ensuite travaillé pour de nombreux titres de presse tout en poursuivant ses recherches photographiques personnelles.