Disparition de Christophe Riedel


Christophe Riedel a rejoint ses parallèles

 

Disparition de notre ami et confrère Christophe Riedel, dimanche 7 août 2022.

« Dans ma tête des éclats de toi. Tu avais la légèreté d’un danseur, la facétie d’un lutin. La pudeur chevillée à l’âme. Jamais une plainte échappée, à peine quelques mots dans un souffle pour minimiser l’indicible. L’espoir était là, à chaque sortie de chimio que tu avais domptée. Tu venais alors le fêter avec une joie forcément teintée d’éphémère. On ne voyait que ce chouette pied de nez, ce coup de pied goguenard. J’espère qu’il était vraiment là pour toi cet espoir, non pour en donner aux autres.

«Infatigable pinson voyageur, qui rapportait de tes ailleurs des mots dérobés, des moments dévorés, des poèmes ô combien sensés, et ces merveilleux autels riedeliens comme tu les appelais, fragments délicats, seulement absurdes aux yeux des aveugles. Poli polyglotte, curieux de petits riens et de grands touts, gourmand gourmet, l’œil frisant devant une friandise.

Dans le désordre chaotique de ma tête, je ne suis capable que de dérouler des flashs à l’aveuglante intensité.

Envie d’avaler la boule qui grossit dans ma gorge. La vomir plutôt.

Tu es tellement vivant raconte le ruisseau qui finalement ne peut que jaillir sans parvenir à rafraîchir mon visage suffocant.

J’erre sans but. Cyclistes, promeneurs à côté, derrière, en face sur ce front de mer, la musique explose mes oreilles. Dans ma bulle isolée. Groggy. Hébétée. Retenant des larmes de vide. Le soleil s’écrase lourdement sur mes joues. Autour de moi la vie.

Pas d’endroit assez proche pour hurler. Seule.

Pardon Christophe,

c’est toi qui meurs,

c’est moi qui pleure.

Écriture frénétique tant j’ai peur de couper le fil. Marquant un point définitif sur cet adieu

dont je ne veux. »

©Collection personnelle Christophe Riedel

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